La marionnette
Du 27 mai 2023 au 05 novembre 2023

La marionnette, instrument pour la scène
Les arts de la marionnette recouvrent un pan de la scène contemporaine à la fois très divers et incroyablement créatif. Aux côtés de l’objet personnage, anthropomorphe ou zoomorphe, animé par le marionnettiste au moyen de fils, de tiges, de tringles, ou en prise directe, auquel on pense en premier lieu, on trouve sur la scène marionnettique des formes abstraites, des objets récupérés, des matières brutes, du papier, des ombres. On parle de marionnette « de création » ou « contemporaine » lorsque l’artiste imagine, pour chaque nouveau spectacle, de nouveaux objets marionnettiques, par différence avec la marionnette dite « traditionnelle », pour laquelle objets, répertoires et savoir-faire se transmettent. Pourquoi des artistes choisissent-ils de « jouer par objet interposé », pour reprendre la belle formule de Roland Shön ? Qu’apporte le choix de la marionnette aux arts de la scène ?
Plus qu’une technique, plus même qu’une discipline artistique, les formes marionnettiques sont des instruments pour la scène – comme on parlerait d’instruments de musique, en considérant techniques de fabrication et interprétation, timbres, registres, tessitures et répertoires. Ils sont autant de possibilités nouvelles pour interpréter, mettre en scène, imaginer et faire imaginer. Qu’elle occupe seule l’espace scénique ou partage le plateau avec comédiens, chanteurs ou danseurs, la marionnette est partie prenante d’un ensemble qui comprend des éléments de scénographie, des costumes, des voix et des sons, des lumières… Ce sont donc d’abord des spectacles, et pas seulement des objets, que présente l’exposition : spectacles de théâtre, de danse ou d’opéra, créations contemporaines ou mise en scène des grandes textes du répertoire (Dom Juan, Le Misanthrope, Le Cid, Faust, ou encore Beckett, Minyana, Novarina…). En une quinzaine de tableaux, le parcours explore les possibilités en en matière de personnages, de gestes ou d’actions qu’offrent les arts de la marionnette, ainsi que la façon dont ils ont joué à renouveler la dramaturgie et la mise en scène (notamment avec les avant-gardes), à réinvestir et réinventer des répertoires et des genres dramatiques (la féérie, les genres satiriques), à hybrider les genres scéniques (petites et grandes formes de l’opéra, de la danse, du cirque ou du cabaret) et à déplacer les frontières des genres artistiques (arts plastiques et installation, expérimentations avec la matière)… Il esquisse un paysage esthétique de la scène marionnettique et met en évidence des échos, des années 1920 à la scène contemporaine.
© BNF – Fonds Dominique Houdart / Jeanne Heuclin II
COMMISSARIAT D'EXPOSITION
Aurélie Mouton-Rezzouk
Maître de conférences en Études Théâtrales, Institut de Recherche en Études Théâtrales, Université Sorbonne Nouvelle
Maître de conférences à l’Institut d’Études Théâtrales de l’Université de Paris 3 – Sorbonne Nouvelle, et membre de l’Institut de Recherche en Études Théâtrales. A la confluence de la muséologie et de la théâtrologie, ses travaux de recherche portent à la fois sur les lieux et sur la mémoire, le patrimoine et les archives du spectacle vivant. Co-fondatrice du groupe de recherche Topologiques, elle a publié récemment Des lieux pour penser, musées, théâtres, bibliothèques, avec François Mairesse et Flore Garcin-Marrou, ICOFOM, 2018, et Le musée par la scène, avec Pauline Chevalier et Daniel Urrutiaguer, éditions Deuxième Époque, 2018.
Joël Huthwohl
Directeur du département des Arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France
Joël Huthwohl est historien du théâtre et dramaturge. A la Comédie-Française de 2001 à 2008 comme conservateur de la Bibliothèque-Musée, il a été rédacteur en chef du Journal des trois théâtres, et un des trois auteurs de Grande et petite histoire de la Comédie-Française (feuilleton France-Culture, 2006). Il dirige aujourd’hui le département des Arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France. A la BnF, il a été commissaire des expositions : Carolyn Carlson (2014), PIAF (2015) et Chaillot, une mémoire de la danse (2018), Yitzhak Rabin / Amos Gitai (2021), Molière, le jeu du vrai et du faux (2022). Il est l’auteur d’articles et ouvrages sur les arts du spectacle notamment : Comédiens et Costumes des Lumières. Bleu autour ; CNCS, 2011 ; La Comédie-Française : 30 ans de création théâtrale. Photographies de L. Lot. La Renaissance du livre, 2003. Comme dramaturge, il a notamment collaboré à Kurt Weill Story, mise en scène Mirabelle Ordinaire, Académie de l’Opéra national de Paris, 2016 et 2018 et Chocolat, clown nègre, texte de Gérard Noiriel, mise en scène de Marcel Bozonnet, 2012.
Flavio Bonuccelli
Scénographe
Diplômé en architecture à Florence, passionné depuis toujours par la scénographie d’exposition, de théâtre et l’architecture éphémère, il a ouvert son agence en 2014 après avoir travaillé pour différentes structures. Parallèlement, il a enseigné pendant 8ans à Paris dans une école d’arts appliqués.
Spécialisé dans la scénographie d’expositions temporaires et permanentes, il a collaboré avec différents musées comme le Musée d’Orsay, le Petit Palais, la Bibliothèque Nationale de France, le Louvre-Lens et le Mémorial de Verdun. En 2019 ont eu lieu cinq expositions temporaires dont il a assuré la scénographie, notamment « Degas à l’Opéra » au Musée d’Orsay, « Tolkien – Voyage en terre du Milieu » à la BnF ou « Concept-Car. Beauté Pure » au Château de Compiègne. Malgré plusieurs expositions renvoyées en 2021, il s’exporte en collaborant avec le Latvian National Museum de Riga pour l’exposition « Âmes sauvages », déjà réalisée en 2018 au Musée d’Orsay. L’an prochain ouvrira l’exposition évènement du Musée des Beaux-Arts de Lyon sur les frères Flandrin, l’exposition « Photographies en guerre » au Musée de l’Armée-Invalides ou encore « le Fontainebleau de Napoléon » au Château de Fontainebleau.