Parcours de l’exposition « Marionnette »

Thématique, le parcours esquisse à travers 15 tableaux, un paysage esthétique de la scène marionnettique, des années 1920 à la scène contemporaine.
En écho à La Scène, nouvel espace du CNCS dédié à la scénographie, la première partie de l’exposition plonge le visiteur dans les coulisses de la création, en rappelant que préparer un spectacle, ce n’est pas seulement construire une marionnette dans l’atelier, c’est aussi le bureau ou le plateau du dramaturge et du metteur en scène, la salle de répétition de l’interprète, la table du costumier.
Place ensuite à la matière. De l’informe à la forme, cette salle montre comment les dramaturgies de la matière jouent de la transformation, à vue, des formes et des textures : glace, mousse, cire, papier craft… Ce sont des spectacles de Renaud Herbin, Philippe Genty, Élise Vigneron, Johanny Bert ou la Compagnie Les Anges au Plafond qui sont ici présentés.
Le parcours explore également les possibilités de stylisation de l’objet marionnette et du geste qu’elle autorise, de Géza Blattner à la Cie Arkétal, mais aussi les tentatives d’aller à l’essence même du jeu scénique, notamment avec Edward Gordon Craig, ou la pensée du jeu de Stanislavski dans un spectacle du Théâtre aux mains nues. À travers le théâtre d’animation de Georges Lafaye, la peinture animée de Dubuffet ou les rouleaux de Roland Shön, c’est l’abstraction qui est évoquée avec un théâtre où les formes s’abstraient d’autant plus que la notion même de personnage se dissipe.
La déambulation amène le visiteur à en apprendre davantage sur les techniques de l’ombre, du théâtre de papier, de l’écran ou du pop-up qui permettent de jouer du contraste et de l’alternance entre deux et trois dimensions, de s’amuser du gros plan et de la perspective, de Jean-Pierre Lescot au Papierthéâtre d’Alain Lecuq ou à la Compagnie des Ombres Portées.
Quels sont les espaces de la marionnette ? Du castelet et de ses avatars au plateau nu, cette partie questionne également la place de l’artiste, caché ou à vue : dispositifs scéniques ou maquettes permettent d’aller à la rencontre de Gaston Baty, Alain Recoing, le Vélo Théâtre, Emilie Valantin, Dominique Houdart et Jeanne Heuclin, François Lazaro… La salle suivante tente de défier la pesanteur avec des marionnettes circassiennes et évoque la question de la virtuosité, tout en rappelant l’importance des formes « légères » du cabaret ; ce sont les scènes de Jacques Chesnais, de Philippe Genty ou de Georges Lafaye qui sont évoquées ici.
À travers le spectacle de la Mue/tte, L’un dans l’autre, une salle s’intéresse à la marionnette « prothèse » et à l’hybridation des corps, des objets, des espaces qu’elle permet. Puis, le parcours se penche sur le « théâtre d’objet », et en particulier le théâtre d’objet « documentaire » de la Compagnie La Bande Passante, et sur la façon dont l’objet, qu’il soit élément de décor ou objet de jeu, opère dans la construction du récit.
Les salles suivantes poursuivent l’enquête sur les métamorphoses des corps et des personnages, robots, animaux, plantes, et suggèrent autant d’univers poétiques et utopiques que la marionnette permet d’explorer : Philippe Genty, la Licorne, Zaven Paré, Roland Shön, Renaud Herbin, les étonnantes créatures du Misanthrope d’Houdart- Heuclin.
Le visiteur découvre ensuite les marionnettes hyperréalistes de spectacles d’Yngvild Aspeli ou de Bérengère Vantusso, avec des corps en miroir ou difformes, qui jouent sur l’illusion et signalent la richesse des rapports possibles entre les corps de l’artiste, de la marionnette, et du spectateur. On retrouve aussi les Faust d’Emilie Valantin, les corps squelettes de Roman Paska, mais aussi des costumes et poupées du Tambours sur la digue d’Ariane Mnouchkine.