Mille et une nuit

Du 17 mai 2008 au 11 novembre 2008

Depuis des siècles l’Occident rêve des mirages de l’Orient.
Les récits des Croisés, des voyageurs et des marchands, la politique des rois de France, l’alliance des Lys et du Croissant d’abord, les relations nouées par Louis XIV avec la Sublime Porte, les ambassades venues jusqu’à Versailles depuis des pays lointains, trouvent un épanouissement littéraire avec la première traduction par Antoine Galland des contes des « Mille et une Nuits » en 1704.

Si en France tout finit par des chansons, tout arrive aussi, tôt au tard, sur le théâtre. Sur toutes les scènes, aussi bien sur les tréteaux des spectacles de foire que sur les plateaux des très officiels théâtres de l’Académie royale de musique et de la Comédie-Française, sultanes et vizirs enchantent le public.
Les opéras de Rameau, les pièces de Molière ou de Racine, en attendant les tragédies de Voltaire, abondent en turqueries, montées avec le plus grand soin. Décors et costumes évoquent un Orient rêvé, fait de luxe, de couleurs, de parfums, de tissus précieux, d’armes damasquinées, à la fois cruel et sensuel.

Au XIXe siècle, la campagne d’Egypte de Bonaparte, la question d’Orient, la conquête de l’Algérie inspirent la peinture, la littérature, la poésie…et la mode.
Le voyage en Orient des artistes romantiques est une fuite vers le paradis. Abandonnant pour un temps les villes qui s’industrialisent et se confondent dans le gris des paysages et des vêtements, assoiffés de couleur locale, les artistes rêvent de se libérer du corset des conventions sociales et soignent leur nostalgie en passant la Méditerranée. D’autres conventions naîtront, tout ballet digne de ce nom distribuera bayadères, almées et péris dans un joyeux mélange offrant tous les trésors de l’exotisme.

Le public semble ne jamais se lasser de ces visions célestes.
Pourtant, peu à peu, au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, l’Orient se banalise. L’irruption des Ballets Russes réveillera un Occident exténué, une fois encore le théâtre vibrera des couleurs de Léon Bakst, applaudira follement Nijinsky dans le rôle de l’esclave d’or de « Shéhérazade ». Paul Poiret transformera les femmes en sultanes, et une nouvelle traduction des contes des « Mille et une Nuits », due au docteur Mardrus, sera amplement illustrée, déclinée, édulcorée, notamment sous forme de livres pour enfants.

Le XXe siècle, voyage et vitesse, repoussera les limites du monde connu. Pourtant, toute une jeunesse fera de Katmandou son rêve lointain, tandis que la mode, tirant parti « des » modes, retrouvera la trace des caftans et des turbans. Même si de nos jours règne la mondialisation, les charmes de cet Orient des « Mille et une Nuits » sont encore bien puissants sur les scènes, comme en témoignent les splendeurs de « La Bayadère » ou de « Shéhérazade ». Dessins de décors et de costumes créant sur les scènes un Orient du « pays d’Opéra », animent la scénographie qui présente des scènes extraites d’œuvres tirées des Mille et une Nuits ou leur adaptation au théâtre, le harem de Shéhérazade, l’échoppe de Marouf, savetier du Caire, le jardin de la Sultane, la caverne d’Ali Baba, le salon du Sultan, le port d’embarcation de Sindbad le Marin, la halte de caravane, la turquerie du « Bourgeois Gentilhomme »…

L’exposition illustre des passages des contes des Mille et une Nuits qui ont inspiré de près ou de loin diverses œuvres scéniques. Les costumes présentés proviennent soit de productions de ces œuvres, soit de productions d’œuvres emblématiques comme « Le Bourgeois Gentilhomme » et sa scène de turquerie, soit de productions qui ont fait appel au goût orientalisant.