L’art du costume à la Comédie-Française

Du 11 juin 2011 au 31 décembre 2011

À l’occasion de son cinquième anniversaire, le Centre national du costume de scène et de la scénographie rend hommage à l’une de ses institutions fondatrices : la Comédie-Française. En exposant les plus belles pièces de ce théâtre emblématique, le CNCS retrace l’histoire du costume de théâtre, des ateliers de couture, comme celle de la Comédie-Française elle-même, à travers les grandes figures qui l’ont marquée, auteurs, comédiens, metteurs en scène, costumiers.

Depuis sa fondation par Louis XIV, le Roi Soleil, il y a plus de trois siècles, la Comédie-Française remplit la mission qui lui avait été assignée : arpenter le chemin de l’excellence dans tous les domaines du spectacle, dont celui du costume.

Hommage à la Comédie-Française, cette exposition est d’abord dédiée à ses ateliers de costumes et à leur directeur, ainsi qu’aux illustres noms qui ont marqué son histoire, en offrant un ensemble exceptionnel de plus de 200 costumes, issus des collections de la Comédie-Française déposées au CNCS et du fonds du théâtre. Une manifestation d’autant plus spectaculaire que la scénographie, directement inspirée de la célèbre Salle Richelieu, comporte une partie « salle » et une partie « coulisses», entraînant le public dans un parcours théâtralisé de l’univers de la Comédie-Française.

Au cœur du panorama historique proposé, du XVIIIe siècle à nos jours, une large place sera accordée aux costumes de pièces des grands auteurs du théâtre classique, Corneille, Racine, et surtout Molière, le « patron » de la Comédie-Française. De ce dernier, à défaut de costume d’époque, les Comédiens-Français ont conservé un meuble de scène ô combien émouvant, le fauteuil de malade dans lequel Molière donna la dernière représentation de son ultime pièce Le Malade imaginaire. Parmi les comédiens, les plus grands interprètes seront évoqués :

Lekain, Talma, Rachel, Mounet-Sully, pour n’en citer que quelques-uns.
L’exposition abordera aussi l’influence décisive au XXe siècle de certains metteurs en scène et de certains costumiers sur l’art du costume à la Comédie-Française. Les « costumiers maison », entre autres Suzanne Lalique et Renato Bianchi, qui ont durablement imprimé leur marque sur le travail des ateliers, à la fois comme directeurs des ateliers et créateurs de costumes, et les costumiers invités, dont Sonia Delaunay, Christian Bérard, Carzou, ou encore Cecil Beaton, Christian Lacroix, Boris Zaborov, Thierry Mugler et tant d’autres…

Quelques repères…

La plus ancienne troupe de France

Depuis plus de trois siècles, la troupe de la Comédie-Française interprète le répertoire classique et contemporain.
Elle a participé à toutes les révolutions scéniques qui ont marqué l’histoire du théâtre en France, et notamment l’art du costume de scène.
Lorsque Louis XIV, en 1680, ordonne la création d’une troupe unique, choisissant pour la constituer les meilleurs comédiens de deux compagnies rivales, il a pour but de « rendre les comédies plus parfaites », la Comédie-Française ne s’est jamais départie de cette préoccupation d’excellence, pour la constitution du répertoire, son interprétation et sa mise en œuvre sur le plateau.

Le « magasin d’habits »

Domaine privé des comédiens jusqu’alors responsables de leur garde-robe, le vestiaire théâtral est peu à peu pris en charge par l’institution à partir du milieu du XVIIIe siècle, moment coïncidant également avec les premières réformes esthétiques du costume. Le « magasin d’habits » naît à cette époque, stock de costumes dont il reste encore des vestiges aujourd’hui, notamment les fameux costumes pour L’Orphelin de la Chine de Voltaire (1755), pour lesquels l’auteur abandonna ses parts afin de financer des costumes d’un genre nouveau.

Commissariat de l’exposition et direction artistique

Renato Bianchi

Directeur honoraire des costumes et de l’habillement de la Comédie-Française

Après s’être formé dans les ateliers de la haute couture parisienne, Renato Bianchi entre à la Comédie-Française en 1965. Passionné par le costume de théâtre, il poursuit sa carrière au sein de la maison et devient très vite, à l’âge de 26 ans, chef d’atelier, puis chef des ateliers des costumes et des services de l’habillement en 1989. Renato Bianchi s’est attaché à approfondir sa connaissance de l’histoire du costume, et notamment de l’évolution des formes. Dans son travail, il s’agit de concilier des contraires, respecter la sensibilité du décorateur et ménager l’apparence d’un costume qui s’intègre dans un style, une époque, tout en étant d’aujourd’hui. Cet équilibre difficile à tenir, c’est la part de création qu’il revendique, son intervention sensible, qui interprète une création virtuelle, celle du créateur de costumes – et Renato Bianchi a travaillé avec les plus grands d’entre eux, de Suzanne Lalique à Christian Lacroix – en y intégrant sa touche personnelle, aussi proche que possible du concepteur. Façonner le costume d’après la maquette, c’est pouvoir transposer la volonté du metteur en scène et celle du costumier. Renato Bianchi a signé sa première création propre à la Comédie-Française avec Les Fausses confidences de Marivaux, mise en scène de Jean-Pierre Miquel. Il a depuis conçu les costumes de nombreux spectacles et récemment ceux de L’Espace furieux de Valère Novarina (avec lequel il collabore régulièrement : L’Acte inconnu dans la Cour d’honneur du Palais des Papes à Avignon, Le Vrai sang à l’Odéon), Figaro divorce d’Horváth, mise en scène de Jacques Lassalle, Les Joyeuses commères de Windsor, mise en scène de Andrès Lima, Un tramway nommé désir, mise en scène de Lee Breuer.

Agathe Sanjuan

Archiviste-paléographe, Agathe Sanjuan occupe le poste de conservateur-archiviste de la Comédie-Française depuis 2008.

Auparavant, elle a été conservateur à la BnF, au département Histoire, philosophie, sciences de l’homme, puis au département des Arts du spectacle, où elle était chargée des collections de costumes de scène et de plusieurs fonds d’archives. Elle contribue régulièrement aux publications de la Comédie- Française.

Roberto Platé 

Scénographe

Né en 1940 en Argentine, à Buenos Aires, il adopte très vite le dessin comme moyen d’expression privilégié. Son père lui ayant transmis sa langue maternelle, l’allemand, Roberto choisit d’aller étudier à l’Académie Bildende Künste (Beaux-Arts) de Munich où l’attire un intérêt pour le Bauhaus. En 1965, de retour à Buenos Aires, il fait partie du milieu d’avant-garde qui, pendant une brève période de libéralisme relatif, bouillonne, sur le modèle new-yorkais, dans les galeries d’art, mêlant peinture, sculpture, musique, danse et théâtre. En 1966, avec une dizaine d’artistes dont Alfredo Arias, il forme le groupe TSE (Théâtre Sans Explication), collectif d’artistes nés dans le même quartier de Buenos Aires, ayant connu au lycée la même éducation européenne et ayant subi au dehors le même « matraquage culturel » américain, à travers la télévision, le cinéma et Coca-Cola. En 1968, le scandale provoqué par son installation Los Banios pousse Roberto Platé à envisager l’exil. La censure du régime militaire met un terme à la période de liberté dont a joui jusqu’alors le mouvement d’avant-garde. La culture française ayant toujours exercé une grande influence sur le milieu artistique argentin, le groupe TSE émigre à Paris avec un répertoire constitué et donne quelques représentations quasi « clandestines » au Musée d’Art Moderne et au Théâtre de l’Épée de bois. Roberto Platé poursuit sa collaboration avec le groupe TSE jusqu’à la fin des années 1970, puis s’ouvre à d’autres genres théâtraux sur les scènes nationales et privées, ainsi qu’à l’Opéra. Vivant à Paris, il y expose son travail de peinture et d’installation depuis 2000. Il a récemment réalisé la scénographie des Oiseaux d’Aristophane, mis en scène par Alfredo Arias, à la Comédie- Française, Salle Richelieu.

Jacques Rouveyrollis

Créateur lumières

Jacques Rouveyrollis signe en 1965 ses premières créations avec « Les Jelly Roll », puis collabore avec Michel Polnareff. Depuis, il a diversifié ses créations, allant du spectacle vivant aux grands événements, et a travaillé pour plus d’une centaine d’artistes, de Serge Gainsbourg à Johnny Hallyday, en passant par Barbara, Charles Aznavour et Joe Dassin. En 1983, il fait ses débuts au théâtre lorsque Jean-Luc Tardieu fait appel à son talent pour Cocteau-Marais. Une centaine de créations s’ensuivent. Il a notamment eu plusieurs fois l’occasion de travailler avec Alfredo Arias. Il a été récompensé par deux Molières pour les lumières de À tort ou à raison et de La Boutique au coin de la rue. Jacques Rouveyrollis a récemment réalisé les lumières des Oiseaux d’Aristophane, mis en scène par Alfredo Arias à la Comédie-Française, Salle Richelieu.