Costumer le pouvoir à l’opéra et au cinéma
Du 26 janvier 2013 au 20 mai 2013
Des dieux de l’Olympe aux souverains oints de Dieu, du sabre au goupillon, de la République aux dictatures… La nouvelle exposition « Costumer le pouvoir à l’opéra et au cinéma » présentée par le CNCS s’attachera à montrer comment la scène et le cinéma traitent de la représentation du pouvoir, de la simple évocation à la reconstitution fidèle de célèbres portraits de souverains.
De l’antiquité barbare au baroque déjanté contemporain…
L’exposition entraîne le visiteur dans les représentations du pouvoir, de la plus réaliste à la plus fantasmagorique, notamment au travers de personnages et d’époques qui ont marqué l’Histoire. Ainsi transporté de l’Antiquité barbare à l’époque actuelle, en passant par de grandes périodes historiques, le visiteur voyagera à travers le temps et les genres, en découvrant des mises en scène de Jeanne d’Arc, de Boris Godounov ou de Don Carlos, en rencontrant Vladimir Poutine, Louis XIV et bien d’autres… Environ 130 costumes de spectacles, de cinéma et d’opéra seront présentés, provenant des collections du CNCS, de la Bibliothèque nationale de France, de la Cinémathèque Française, de la Comédie-Française, du Musée Gaumont, de l’Opéra de Bordeaux, de l’Opéra de Lyon, de l’Opéra national de Paris, du Théâtre du Capitole à Toulouse…
Des costumes de cinéma, une première au CNCS !
Influencé par le théâtre historique, le cinéma à ses débuts abusa sans modération de couronnes et de sceptres, de perruques poudrées et de robes à panier. Apprécié du public, le film historique ne connut que peu d’éclipses, mais sa thématique évolua dans les années soixante, avec le téléfilm de Roberto Rossellini, La Prise de pouvoir par Louis XIV. Si le genre « cape et épée » et les figures mythiques du pouvoir, Jeanne d’Arc, Louis XIV, Marie- Antoinette ou Napoléon, n’ont pas disparu des écrans, les cinéastes portent à présent un regard en profondeur sur les arcanes du pouvoir et sa représentation.
L’exposition invite à revivre les très riches heures du film historique de L’Assassinat du duc de Guise, tourné en 1908, Jeanne d’Arc de Luc Besson et Vatel de Roland Joffé, Marie Walewska revisitée par Greta Garbo et Hollywood, La Reine Margot de Patrice Chéreau et Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot. Sans oublier nos ancêtres les Gaulois, Astérix et Obélix dans les films de Claude Zidi puis de Thomas Langmann et Frédéric Forestier.
Les représentations du pouvoir à l’opéra
L’opéra, haut lieu de pouvoir et du pouvoir, sera mis en valeur par des comparaisons de plusieurs productions d’oeuvres symboliques comme Le Couronnement de Poppée de Monteverdi, Don Carlos de Verdi ou Boris Godounov de Moussorgski. Certains spectacles seront présentés en miroir d’oeuvres cinématographiques. La cour vêtue de noir du monarque absolu d’Atys répondra au jeune Louis XIV de Vatel et à sa suite colorée. D’autres compléteront un tableau, celui des parodies du pouvoir, mêlant les genres avec des costumes du Balcon de Jean Genet pour le théâtre, de Salomé de Richard Strauss pour l’opéra et du Cinquième Elément pour le cinéma. Histoire et fantasy s’accorderont, comme dans la bande dessinée, pour que les costumes des opéras Le Roi d’Ys et Robert le Diable répondent à celui, légendaire, du film L’Atlantide. Mais il reviendra aux symboles d’ouvrir cet aperçu de scènes de pouvoir, de sexe et de sang, avec l’Or (La Toison d’or de Medea) et le Mal (les Anges noirs de Simon Boccanegra). Ces costumes, signés par Gérard Audier, Patrice Cauchetier, Bernard Daydé, Jacques Dupont, Pet Halmen, Anna Maria Heinreich, Iannis Kokkos, Florica Malureanu, Tomio Mohri, Daniel Ogier, Franca Squarciapino, Carlo Tommasi, José Varona, Jean-Pierre Vergier, Francesco Zito… proviennent en majorité de spectacles présentés ces dernières années dans de grandes maisons d’opéras en région, comme Bordeaux, Lyon et Toulouse. Réalisés dans leurs ateliers, ils témoignent de façon éclatante de l’excellence du travail accompli. Le CNCS est fier de pouvoir leur rendre ainsi hommage.
Les compléments de l’exposition
Le visiteur sera plongé dans l’univers du pouvoir avec de nombreuses photographies de scène et plateaux de tournage, de maquettes de costumes et de documents d’inspiration, ainsi que par des accessoires et attributs du pouvoir, tels que des bijoux, couronnes, armes et armures, trônes… Il retrouvera enfin des reproductions de portraits symboliques de la représentation du pouvoir (comme ceux de Louis XIV par Hyacinthe Rigaud, de François Ier par Clouet ou de Philippe II d’Espagne par Titien…) et des extraits de films, comme le couronnement d’Elisabeth II ou la campagne de Vladimir Poutine, diffusés en continu dans le parcours de l’exposition.
Commissariat de l’exposition et direction artistique
Noëlle Giret
Conservateur général des bibliothèques
Noëlle Giret a dirigé de 1970 à 2009 le Centre de documentation théâtrale et cinématographique de l’Université de Lyon II, la Bibliothèque-Musée de la Cinémathèque Française, et rejoint le Département des arts du spectacle de la Bibliothèque nationale de France. Elle a réalisé de nombreuses expositions consacrées au cinéma, et au spectacle vivant, parmi lesquelles : Yvette Guilbert. Diseuse fin de siècle. BnF / Musées d’Aix-en-Provence / Musée Toulouse- Lautrec, Albi, 1994, Les Pitoëff. Destins de Théâtre. BnF, 1996 et publication de Georges Pitoëff. Le régisseur idéal, Actes Sud, 2001, Renaud-Barrault, BnF, 1999, Des clowns, BnF, 2001, Le Cirque au xixe siècle, Mairie du VIe arr., 2001, Gérard Philipe. Un acteur dans son temps, Paris / Cannes, 2003, Sacha Guitry. Une vie d’artiste, co-production Cinémathèque française / BnF, 2007, Ionesco, BnF, 2009 et Les Insolites. Formes et matières des costumes de scène, cncs, 2011.
Martine Kahane
Conservateur général des bibliothèques
Martine Kahane a été de 2006 à 2011 la directrice du Centre national du costume de scène. Conservateur général des bibliothèques, Martine Kahane s’est attachée pendant trente cinq ans à participer à la constitution de la mémoire de l’Opéra national de Paris. Elle a d’abord dirigé la Bibliothèque-Musée de l’Opéra (qui dépend de la BnF), avant de créer et de diriger le Service Culturel, à la demande d’Hugues Gall, alors directeur de l’Opéra national de Paris. Le Palais Garnier est sa terre d’élection, le xixe siècle sa période favorite, La Petite danseuse de quatorze ans de Degas son oeuvre préférée, d’où une vingtaine d’expositions et autant de publications sur l’architecture de Charles Garnier, les ateliers de costumes et la compagnie du Ballet de l’Opéra, les Ballets Russes de Diaghilev…
Simon de Tovar
Scénographe et graphiste
Diplômé de l’ATEP (école de communication visuelle et de design graphique), il monte un atelier de décor à Paris et partage ses activités entre le design de meubles et de luminaires, la scénographie évènementielle et est associé comme scénographe et graphiste avec Alain Batifoulier depuis plus de 10 ans pour des expositions à la Bibliothèque nationale de France, au Musée Carnavalet, au Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme, au Musée Galliera, à la Maison de Victor Hugo, au cncs ainsi qu’à l’Espace Culturel Louis Vuitton à Paris.
Alain Batifoulier
Scénographe, créateur de costumes et muséographe d’expositions
Après des études à l’Ecole des Beaux- Arts de Lyon, il se consacre à la scénographie, à la création de costumes pour le spectacle, au design et au graphisme pour les expositions. Au théâtre, auprès de metteurs en scène comme Daniel Mesguich, Marcel Maréchal, Pierre Debauche, Jean-Louis Martin-Barbaz, Pierre Pradinas, Philippe Faure. Plus de cent cinquante réalisations illustrant des grands classiques : Euripide, Shakespeare, Molière, Racine… et des contemporains : Valère Novarina, Charles Juliet, Jacques Audiberti… Il travaille pour la création d’oeuvres musicales contemporaines : Marius Constant, Luciano Berio, pour le lyrique à l’Opéra de Paris avec Carmen, au Théâtre de la Monnaie de Bruxelles pour La Passion de Gilles de Rais de Philippe Boesmans (création) et à la Scala de Milan pour Il Giardino Religioso de Bruno Maderna. Il réalise également des mises en espace d’expositions à la Bibliothèque nationale de France pour plus de onze projets dont Ionesco (2009), le Musée d’Art et d’Histoire du Judaïsme avec La Splendeur des Camondo (2009), le Musée Galliera Sous l’Empire des Crinolines (2008), le Musée Carnavalet avec entre autres Le Paris des Misérables (2008), le cncs pour Les Insolites (2011) et L’envers du décor (2012). Dans le domaine de l’art contemporain, une longue collaboration avec le Passage de Retz, et une présence renouvelée à l’Espace Culturel Louis Vuitton à Paris.